EQUIPE TIS – UMR MIVEGEC

EQUIPE TIS – UMR MIVEGEC

  • Partenaire : AIEA
  • Porteur du projet : Louis Clément Gouagna, directeur de recherche IRD 
  • Coordinateur : Unité MIVEGEC (Maladies Infectieuses et Vecteurs – Ecologie- Génétique, Evolution et Contrôle) hébergée au CYROI.

A-   Le contexte :

La Technique de l’Insecte Stérile (TIS) a déjà montré la preuve de son efficacité pour le contrôle des insectes responsables de nuisances vétérinaires et agronomiques. Elle n’a été que très récemment étendue au contrôle des nuisances sanitaires dues aux moustiques. Elle offre pourtant un complément prometteur à l’usage exclusif des insecticides voire une alternative plus respectueuse de l’environnement, strictement ciblée sur les moustiques d’intérêt et potentiellement applicable sur d’autres territoires que l’île de La Réunion.

Cette technique a été mise à l’étude, de 2009 à Juin 2014, dans le cadre d’un projet porté par le CRVOI (Centre de Recherche et de Veille sur les Maladies Emergentes de l’Océan Indien) et pilotée par une équipe de MIVEGEC (UM1-CNRS 5290-IRD 224) de l’IRD. Le projet TIS, soutenu financièrement par la Direction Générale de la Santé – Ministère de la Santé, et le Fond Européen de Développement Régional (FEDER – Convergence – PO 2007-2013) vise à enrichir la panoplie des outils de la Lutte anti-vectorielle par l’évaluation de la faisabilité d’un contrôle des populations d’Aedes albopictus à l’ile de La Réunion par les lâchers de mâles élevés en masse et rendus stériles par irradiation aux rayonnements gamma.

Quatre actions complémentaires de recherche, menées de 2009 à 2014,  ont visées spécifiquement à :

–          recueillir toutes les informations pertinentes sur la biologie des vecteurs cibles,

–          développer et tester à l’échelle du laboratoire, les conditions techniques d’élevage en masse des moustiques, du sexage sélectif des mâles en vue de leur irradiation et évaluer leur vigueur sexuelle vis-à-vis des femelles, en compétition avec les mâles non irradiés,

–          développer des modèles mathématiques pour optimiser les conditions de lâcher des mâles stérilisés et l’impact sur les populations vectorielles.

–          Evaluer dans un volet de Sciences Humaines et Sociales (SHS) l’acceptabilité sociale d’une telle approche, développer une analyse coût économique-bénéfice de la méthode TIS, et enfin définir les bases de la communication pour faciliter l’acceptation future du projet par les décideurs et la population locale.

Une importante masse de données a été accumulée lors de la phase 1 et largement diffusée dans plusieurs publications (68 articles au total dans les journaux scientifiques à comités de lecture) et communications (>50) pour démontrer que cette technique est réalisable à La Réunion. Des avancées significatives ont été obtenues sur la biologie et l’écologie du vecteur, intégrant les déterminants environnementaux de la distribution des vecteurs (Aedes albopictus et An. arabiensis), leur dispersion, comportement. Les outils technologiques de production en masse des moustiques mâles stériles ont été développés et sont désormais maîtrisés.

Collectivement ces réalisations scientifiques et techniques ouvrent la voie à un essai de terrain qui devra être conduit à partir de 2015.

Certains résultats, notamment sur le volet social et économique, ont été analysés pour donner des éléments précis du diagnostic attendu à l’échelle locale permettant non seulement de faire avancer les connaissances sur certains aspects comportements et des perceptions de la population sur les vecteurs, les maladies à transmission vectorielles et la prévention, mais également de fournir des clefs pour la communication sur les opportunités portées par cette méthode.

B-   La phase d’essai pilote (2015 – Décembre 2018)

La première phase du programme de recherche a permis de combler le manque de connaissances scientifiques, d’acquérir une expérience réunionnaise en matière de développement technologique de la TIS, et d’apporter des arguments biologiques, technologiques et socio-économiques confirmant la faisabilité de la mise en œuvre à grande échelle de la TIS à La Réunion. Après cette première phase concluante, une deuxième phase pilote est envisagée sur la période 2015-2018.

Cette phase 2 doit avant tout permettre de démontrer l’efficacité et l’efficience du contrôle des populations d’Aedes albopictus par la TIS à travers :

–          la mise en place des éléments techniques nécessaires à la production en masse de moustiques, de sexage (séparation de moustiques mâles et femelles) et d’irradiation de mâles,

–          l’expérimentation de lâchers de mâles stériles sur des sites pilotes de petites dimensions à La Réunion. L’éradication des moustiques reste un objectif pour l’instant irréaliste, mais le but visé par la TIS est de réduire les populations d’Aedes albopictus à un seuil qui limiterait considérablement les risques de transmission des agents pathogènes à l’homme.

–          la mise en œuvre d’une communication visant à faciliter l’acceptation sociale de cette nouvelle technique,

–          les modélisations pour prédire l’impact entomologique et économique du dispositif, avant d’intervenir à plus large échelle à La Réunion.

–          l’élaboration d’un plan économique et des scénarii industriels pour la mise en œuvre à grande échelle de la TIS (phase 3),

–          la structuration d’un partenariat technologique entre La Réunion et les îles de l’océan Indien pour l’intégration de la TIS dans les stratégies de lutte anti-vectorielle.